La Voix du Nord a assisté à l'audience de ce vendredi, au Tribunal administratif, qui opposait René Gobert, l'ancien délégué CGT des Territoriaux d'Hénin-Beaumont, à la municipalité dans trois litiges distincts, mais étroitement liés.
Dépourvu d'aprioris sur le FN à leur arrivée en 2014 et plutôt satisfait, dans un premier temps, du changement de DGS, René Gobert a progressivement adopté une attitude syndicale de plus en plus combative à partir de la fin de l'année 2015, ce qui l'a conduit à être l'objet d'une véritable campagne de dénigrement et de cyberharcèlement durant toute l'année 2016 sur la page facebook "La Voie d'Hénin", créée le 14 décembre 2015. René Gobert et les membres du bureau de la CGT avaient été qualifiés de "traîtres", "paresseux", "incompétents" et "alcooliques". Un message s'en était même pris à la fille de René Gobert.
Soupçonnant le maire et son plus proche adjoint d'être à l'origine de cette campagne de cyberharcèlement parfaitement odieuse, René Gobert s'est attaqué aux deux élus sur sa propre page facebook, dans des termes qu'on ne peut évidemment pas cautionner, ce qui lui a valu une condamnation à deux mois de prison avec sursis en octobre 2017 pour menaces de mort, diffamation et injures à caractère homophobe.
Dans la foulée, le maire a engagé une procédure pour le révoquer, lui refusant la protection fonctionnelle. Considérant l'état de santé de René Gobert, en arrêt maladie pour dépression à la suite de cette campagne de cyberharcèlement menée par la page d'extrême droite à son encontre, le conseil de discipline de recours a opté pour une sanction plus légère, une exclusion d'un an, dont la moitié avec sursis, ce que le maire conteste, s'acharnant à vouloir révoquer l'agent victime de cyberharcèlement.
Vendredi, le rapporteur public du Tribunal administratif a préconisé le rejet de la demande du maire et confirmé le bien-fondé de la décision du conseil de discipline de recours au vu du contexte, René Gobert ayant été laissé seul sans aucun soutien de sa collectivité face à cette campagne de cyberharcèlement. Et pour cause... Tout porte à croire que les auteurs de la campagne de cyberharcèlement contre le délégué CGT étaient les élus FN eux-mêmes...
Dans la foulée, le rapporteur public a estimé que l'arrêt maladie de René Gobert pour dépression était bien lié aux attaques dont il était l'objet, et pas à sa sanction disciplinaire, rejetant les demandes de la municipalité d'Hénin-Beaumont dans ce deuxième litige.
Le rapporteur, par contre, n'a pas suivi la demande de René Gobert de dommages et intérêts en réparation du harcèlement moral dont il est victime, estimant qu'"aucun lien n'a été établi entre la page facebook La Voie d'Hénin et la municipalité".
Pour rappel et comme le montrent les captures d'écran que nous mettons en ligne, la page facebook la Voie d'Hénin a été créée le 14 décembre 2015, deux jours après un conseil municipal houleux. Le 16 décembre, soit quatre jours après le conseil municipal, un extrait de la vidéo du service communication de la ville qui filmait pour la première fois le conseil municipal - afin, dixit Bruno Bilde, adjoint à la communication de l'époque, qu'il n'y ait pas d'erreur sur les positions de vote de l'opposition - était mis en ligne sur la page la Voie d'Hénin.
Par la suite, j'ai sollicité à plusieurs reprises les services de la ville afin d'obtenir une copie des vidéos du conseil municipal. La procédure a toujours été la même : il faut en faire la demande au maire, qui dispose d'un mois pour répondre. Après accord du maire, il faut ensuite se rapprocher du Directeur Général des Services et payer le coût du DVD auprès du Trésor Public. Comment la vidéo du conseil municipal prise par la municipalité a-t-elle donc pu se retrouver sur la Voie d'Hénin quatre jours après le conseil municipal du 12 décembre 2015 ? Qui l'y a mise, si ce n'est les élus FN eux-mêmes ? Dans un courrier adressé au maire, j'ai demandé des explications. Il ne m'en a fourni aucune...
Le 16 décembre 2015 toujours, le courageux anonyme derrière la Voie d'Hénin affirme dans un autre article que les réponses aux questions adressées par Eugène Binaisse relatives à une transaction entre la municipalité et Territoires 62 se trouvaient dans le dossier du conseil municipal. Le rédacteur de la Voie d'Hénin était donc en possession du dossier du conseil municipal et savait qu'Eugène Binaisse avait téléphoné à la Direction des Affaires Financières afin d'obtenir plus de renseignements... Comment l'aurait-il su ? Une seule explication : le rédacteur de la Voie d'Hénin est un élu de la majorité FN...
Tout porte à croire que la Voie d'Hénin a été créée par les élus FN au lendemain du conseil municipal du 12 décembre 2015, pour s'attaquer à la fois aux opposants de gauche d'Hénin-Beaumont, aux syndicalistes critiques et à la Voix du Nord à qui le FN reprochait d'avoir appelé à voter pour Xavier Bertrand et le camp républicain pour que la région Hauts-de-France ne bascule pas entre les mains du parti de Marine Le Pen.
C'est le métier de l'avocat de la ville d'Hénin-Beaumont de dire qu'"aucun lien n'a été établi entre la page facebook La Voie d'Hénin et la municipalité", mais les dénégations de ses clients ne prouvent qu'une chose : la mauvaise foi crasse d'une bande d'élus indignes adeptes de l'injure, de la diffamation et du cyberharcèlement.
Tout au long de l'année 2016, d'autres articles de la Voie d'Hénin prétendront qu'Eugène Binaisse a joué de ses relations pour faire embaucher sa fille... Quelque temps plus tard, cette accusation ressurgira, plus précise, dans une note du directeur de la publication signée de Bruno Bilde, sous la tribune de l'opposition, accusant Florence Binaisse d'avoir bénéficié d'une embauche de complaisance en mairie de Montigny-en-Gohelle. Pure invention : Florence Binaisse est AESH dans un collège. Dans cette affaire, Bruno Bilde a été condamné pour diffamation par le Tribunal correctionnel de Béthune, condamnation confirmée en appel et en cassation. Pas difficile de deviner le nom d'au moins un des rédacteurs anonymes de la Voie d'Hénin...
Le Tribunal administratif rendra son jugement dans trois semaines, dans les affaires concernant René Gobert. L'ancien délégué CGT a été victime d'une campagne de cyberharcèlement abjecte qui l'a beaucoup affecté. Si le tribunal le reconnaît, il serait juste que René Gobert obtienne réparation et que les auteurs de cette campagne soient condamnés pour harcèlement moral. Et ces auteurs, on les connaît tous...