Bruno Lajara, l'ancien directeur de l'Escapade, vient de publier sur sa page facebook un témoignage éclairant sur les méthodes de l'extrême droite en matière de culture, et les pressions qu'il a subies pendant les trois années passées à la tête du centre culturel héninois.
Conseiller municipal à l'époque, je peux témoigner que ce qui est raconté ici est malheureusement vrai...
Dès l'arrivée au pouvoir du FN en 2014, les pressions ont commencé.
Lorsque j'ai été élu conseiller municipal d'opposition, en mars 2014, j'étais membre du Conseil d'Administration de l'Escapade depuis quatre ans. J'y faisais du théâtre depuis près de dix ans et j'avais mis en place un partenariat entre le collège où j'enseigne et l'Escapade pour le club-théâtre que j'animais dans mon établissement. Quelques semaines après les élections, le président de l'Escapade, très ennuyé, m'a fait savoir que ma présence au Conseil d'Administration posait problème, parce que, représentant des adhérents et conseiller municipal d'opposition, je pourrais voter lors des C.A. avec voix délibérative quand les élus majoritaires d'extrême droite n'avaient que des voix consultatives selon les statuts. Le président Dubroecq était très ennuyé et ne voulait pas se mettre à dos la majorité municipale. J'ai donc démissionné quelques jours avant l'Assemblée Générale.
Bien évidemment, mon exclusion du C.A. de l'Escapade était une exigence de l'extrême droite...
DN
"J'ai été directeur de L'Escapade d'Hénin-beaumont de 2017 à 2020... A l'arrivée du Front National sur la ville la convention triennale liant le théâtre (au statut associatif) à la ville a été cassée par le RN pour déboucher sur une convention annuelle avec une baisse de plus de 100 000 euros exercée dès les premiers mois. Menaces, isolement, convocation du bureau de l'association auront conduit l'ancien directeur à ne plus être en mesure de poursuivre sa mission. Certes il n'y a pas eu de censure directe mais un climat de pression exercé sur le personnel municipal et sur la gouvernance de l'association qui est incessant depuis. Tout le personnel municipal dépendant de la culture est à bout, que ce soit à l'école de musique ou à l'école d'arts plastiques, sans parler de la médiathèque ou tout est contrôlé. Les achats de livres sont contrôlés, les dédicaces des auteurs fliquées. Le théâtre a perdu beaucoup de ses spectateurs lors du passage de la ville aux mains du FN. Leurs méthodes c'est de pouvoir retourner un à un les plus faibles, les vieux dirigeants associatifs, les plus dociles pour les amener à cautionner leur politique.
Quelques faits : en 2019, lors des cinquante ans de l'association, un concert de Sinsemilia avait été programmé. Des émissaires de la mairie ont été envoyés pour filmer le concert et me renvoyer ces films avec une pression menaçante auprès de ma personne qui avait oser programmer un spectacle "de gauchistes". Un autre jour lors d'une action culturelle avec des enfants de la ville des chansons en berbère étaient programmées pour découvrir d'autres cultures, les élus ayant eu l'information ont interdit aux enfants de continuer à suivre l'atelier. Un coup de fil du directeur des affaires culturelles me demandant d'arrêter mes provocations.
Il n'y a jamais eu de politique culturelle sur la ville, hormis un festival de tribute "le Hénin Rock festival", marionnette d'un des adjoints du maire et le défilé de Miss Henin. Je n'ai en 4 saisons jamais eu Marine Le Pen dans la salle et deux fois l'adjoint à la culture. Lors des derniers mois de ma direction, il y a eu une volonté délibérée de m'isoler et de ne plus me convier aux réunions de discussion avec la ville. On ne peut pas discuter avec eux, on est soit avec eux soit contre eux, il n'y a pas de demi-mesure et si MLP arrivait au pouvoir, elle placerait à la tête des DRAC, des théâtres et musées nationaux, des préfectures, tout ce qui pourra controler la liberté d'expression qui fait la culture française. Je pourrais aussi m'étendre sur le machisme, le sexisme qui s'exerce au sein des instances municipales qui sentent bon l'excès de testosterone, du projet heureusement avorté de transformer l'Escapade en cabaret au service de la culture française, la non réouverture du cinéma Espace Lumière, une des seules salles d'art et d'essai du Pas-de-Calais, les dépenses pharaoniques pour faire venir du vu à la télé lors des fêtes nationales (Jenifer, Shy'm) et s'attirer les louanges de la population...
Alors si vous voulez toujours tenter le diable... allez y... mais mesurez-en les conséquences..."
Bruno Lajara
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