La victoire de Hollande a redonné confiance au PS et à toute la gauche héninoise. Ce n'est pas pour autant que la circonscription est d'ores et déjà dans leur poche.
Le FN, arrivé en tête au 1er tour, est gonflé à bloc pour la députation.
Les chiffres ne mentent pas. Les graphiques sont clairs. La progression constante du FN à Hénin-Beaumont est incontestable. L'effet Steeve Briois, l'enfant du pays, combiné à l'effet Marine Le Pen, la « parachutée » médiatique atterrie sur cette terre de gauche tourmentée en 2007, est d'une efficacité redoutable. Formé il y a 5 ans pour les législatives, le duo a déjà fait mettre un genou au sol au PS local en dénonçant les affaires politico-financières dans lesquelles trempent certains de ses élus. Et entend bien le mettre sur ses deux rotules en remportant une élection.
Prochaine épreuve, la course à la députation. Le FN est déjà en campagne. Porte-à-porte, marchés, sorties d'usines : sa force c'est le terrain. C'est comme ça qu'il a construit son nid. Comme ça qu'il a convaincu les électeurs, les uns après les autres, y compris les plus à gauche. Résultat : quand ses scores ne cessent de s'améliorer, le PS voit les siens s'effriter et ne doit ses victoires qu'à la constitution d'un front républicain ratissant large. Aux cantonales, en mars dernier, Steeve Briois s'est incliné au second tour (2 740 voix) face au sortant Jean-Marie Picque (3 384 voix). Mais quand le premier a pris 200 voix depuis 2004, le second en a perdu plus de 2 000, dont une bonne moitié dans la ville d'Hénin où il est finalement arrivé en tête avec 51,73 %.
Aux législatives de 2007, là encore le PS est passé, mais le FN est allé chercher 7 000 voix entre les deux tours alors que c'était le premier essai du binôme Le Pen-Briois. Enfin, la candidate frontiste a remporté le premier tour de cette présidentielle devant le candidat du PS dans la 11e conscription, où elle a raflé la mise dans 9 communes sur 12. À Hénin, elle a enregistré 4 924 voix : 1 200 de plus que Hollande, mais surtout 2 200 de plus que son père en 2007. Sans reparler des 9,15 % de bulletins blancs et nuls au 2e tour, qui ne sont pas sans lien avec son choix de déposer une enveloppe vide dans l'urne.
« Pas si extraordinaire » selon le maire PS d'Hénin. « Aucun danger pour les législatives, la circonscription n'est pas prête de basculer », aux yeux du secrétaire de section PC David Noël. « La faute aux médias » , murmurent-ils tous. Si la gauche a tendance à relativiser l'ascension du FN sur ce territoire minier et a encore du mal à fédérer derrière son candidat controversé Philippe Kemel (conseiller régional et maire de Carvin), le camp Briois, lui, est déjà lancé dans la bataille des législatives. Les jeunes militants qui le composent ne doutent pas : augures et présages sont très bons.w
GAELLE CARON
Légende photo : Marine Le Pen et Steeve Briois formeront le même duo qu'aux législatives de 2007, en espérant, cette fois, conquérir la 11e circonscription. Ph. arch Né
Source : Nord Eclair
Mardi 08 mai 2012