Affluence également sur le plan médiatique avec la présence des journalistes de La Voix du Nord, de Nord Eclair, 20 Minutes Lille, France Bleu Nord et France 3 Nord-Pas-de-Calais. La raison de cette affluence ? Un énième avis de la Chambre Régionale des Comptes suivi de la tenue du Débat d'Orientation Budgétaires.
Avant d'entrer dans le vif des débats, le Conseil Municipal a procédé à l'installation de Georges Bouquillon, conseiller municipal de l'Alliance Républicaine qui remplace Rose-Marie Slaviéro, démissionnaire. Après avoir rendu hommage à Francis Cotard, récemment décédé, Georges Bouquillon a demandé à faire une minute de silence en hommage au décès du père de Daniel Duquenne.
Après ce moment forcément émouvant, le Conseil Municipal avait à étudier deux rapports de la CRC et c'est Jean-Pierre Chruszez, conseiller municipal délégué aux finances et président du groupe majoritaire qui a ouvert les hostilités. Présentant le premier rapport de la CRC qui constate que "le déficit budgétaire propre à la section de fonctionnement de l'exercice 2008 s'établit à 12,7 millions d'euros au lieu du déficit fixé à 10,5 millions d'euros par le budget réglé par le préfet dans le cadre du plan de redressement pluriannuel", Jean-Pierre Chruszez a dénoncé les mensonges de l'opposition qui évoque un déficit de 21 millions d'euros (tract du FN) ou de 33 millions d'euros (tract du Modem), un chiffre que Christine Coget s'efforcera de justifier.
Jean-Pierre Chruszez et Marie-Noëlle Lienemann ont également ferraillé contre l'opposition en rejetant l'accusation brandie par l'opposition d'une future augmentation des impôts. Pour la première adjointe et le président du groupe majoritaire, le plan de redressement présenté dans le cadre du DOB doit permettre de trouver les 4 millions d'euros d'économies annuelles et d'éviter une nouvelle augmentation de la pression fiscale, insupportable pour nos concitoyens et qui ferait d'Hénin-Beaumont la ville la plus lourdement taxée de sa catégorie au plan national.
Pour l'Alliance Républicaine, Georges Bouquillon est revenu sur ce triste record, rejoint par les élus du Front National, Steeve Briois et Marine Le Pen, qui ne croient pas que le plan d'économies permettra d'éviter une future augmentation d'impôts.
Dans la majorité, Pierre Ferrari, pour le MJS, est intervenu pour dénoncer avec pugnacité la gestion de l'équipe municipale et proposer des économies au chapitre de la communication, du cabinet et des indemnités d'élus, ajoutant que si en lui retirant sa délégation d'adjoint, le Maire avait espéré faire taire un élu lucide et critique, il en serait pour ses frais.
Le second rapport de la CRC, lié au premier, revenait sur des factures impayées pour un montant de plus de 200 000 € envers EDF, l'occasion pour l'opposition, une fois de plus, d'accuser la majorité de ne pas tout dire. Pour le FN, Steeve Briois maintiendra d'ailleurs son estimation de plus de 21 millions d'euros de déficit, en ajoutant au déficit les factures impayées (ce qui est parfaitement contradictoire avec les deux rapports de la CRC, ainsi que l'a fait remarquer Marie-Noëlle Lienemann) et des prévisions de cessions immobilières surévaluées en recettes.
La présentation du DOB était également à l'ordre du jour et c'est Jean-Bernard Deshayes, adjoint au sport et au budget qui s'est livré à cet exercice difficile, dans le contexte héninois. Si le DOB 2009 prévoit, et c'est une bonne nouvelle, une réduction de l'endettement de la ville, qui devrait passer sous la barre des 40 millions d'euros, contre 46 millions d'euros en 2001, il est essentiellement tourné vers les économies et des économies drastiques puisque le seul moyen d'éviter le recours à la fiscalité est de combler en trois ans le déficit de 12 millions d'euros dans les caisses de la ville. Pour satisfaire aux exigences de la CRC, il faut donc trouver 4 millions d'euros d'économies chaque année.
Pour 2009, la Ville d'Hénin-Beaumont parvient à une économie de 1 400 000 € sur les charges de personnel. La quasi totalité des CDD n'ont pas été renouvelés, ce qui fait bondir l'opposition qui continue d'évoquer des embauches électoralistes qui ont conduit en 2008 à l'augmentation du budget du personnel de plus de 2 millions d'euros. Pour 2009, le budget du personnel, qui avait atteint 22 millions d'euros devrait donc descendre à 20,6 millions d'euros, ce qui est encore au-dessus de ce qui avait été voté au Budget Primitif 2008, comme l'a cruellement rappelé Marine Le Pen.
La majorité trouve d'autres économies pour un montant de plus de 1 700 000 € en supprimant certaines manifestations, en annulant le recours à une société privée de gardiennage en plus de la police municipale pour un montant annuel de 500 000 €, en reprenant en régie municipale l'entretien des espaces verts, confié à une société privée, en supprimant une vingtaine de véhicules de fonctions et une soixantaine de téléphones portables dans les services.
Pour l'opposition, ces mesures sont tardives et témoignent d'une véritable gabegie de dépenses durant les années écoulées. L'opposition ironisera également sur les bonnes intentions affichées en matière de contrôle de dépense et de meilleure organisation de la gestion du personnel municipal, qui résonnent comme autant d'évidences tardives.
Le PCF peut partager une partie du constat de l'opposition. Face à l'empilement de rapports de la CRC, ce que nous pressentions durant la campagne municipale s'est avéré douloureusement exact. Pour autant, dire que par le passé, l'équipe municipale en place a aggravé la situation financière de la Ville d'Hénin-Beaumont et a commis de nombreuses erreurs de gestion ne règle absolument rien. Dire que la résorption du déficit se fera au détriment des projets d'avenir ne règle rien non plus. Lancer des appels incantatoires à la démission ne règle rien, ne fera qu'aggraver les tensions et se révèle improductif.
Il n'y aura pas de troisième tour. Cette campagne permanente doit s'arrêter, nos concitoyens sont excédés. Les seules démissions envisageables sont celles des élus qui pourraient être éventuellement éclaboussés par l'enquête de la Brigade Financière. Il serait inacceptable qu'un élu qui aurait couvert et cautionné des marchés truqués reste dans ses fonctions et nous demanderions alors sa démission immédiate.
Dans l'état actuel des choses, rien ne dit que des élus seraient partie prenante du système organisé décrit par la Brigade Financière et dévoilé dans les colonnes de Nord Eclair et nous respectons la présomption d'innocence. Les communistes ont toujours refusé de propager des rumeurs et continueront de s'en tenir à cette ligne de conduite.
Il est évident que la priorité de la municipalité doit être de tenir les objectifs du plan de redressement pluriannuel pour éviter à tout prix une nouvelle augmentation d'impôts.
En tout état de cause, les nouveaux élus du PCF, David Noël et Sandy Soudé n'étaient pas dans l'équipe précédente, sont étrangers aux erreurs de gestion qui ont pu être commises par le passé et qu'ils avaient pointé du doigt et condamné. Nous maintenons donc notre position qui est celle de rester au sein de la majorité, de peser pour que la culture, l'éducation et l'action sociale ne paient pas le prix des erreurs du passé et des économies nécessaires d'aujourd'hui et nous mettrons en toute circonstance notre mandat d'élu au service des intérêts du monde du travail et de la population héninoise.
Les débats ont été parfois houleux vendredi soir, Gérard Dalongeville, Daniel Duquenne et Steeve Briois ne se faisant aucun cadeau. Seule la présentation du règlement intérieur, sur la fin, a calmé les esprits, Marie-Noëlle Lienemann convenant que rien n'interdisait à l'opposition de faire figurer l'adresse de leur blog dans une tribune libre dans le bulletin municipal tandis que Marine Le Pen convenait que le groupe majoritaire devait aussi avoir sa tribune libre (au départ, Steeve Briois revendiquait une page de l'opposition en arguant du fait que le reste du bulletin municipal met en valeur la majorité).
Enfin, le conseil s'est terminé avec l'adoption à l'unanimité de trois motions, la première, défendue par Guy Creuze, pour le maintien du tribunal d'instance de Carvin, les deux suivantes, proposées par David Noël, pour la sauvegarde des RASED et apporter un soutien aux salariés de Bosal-Annezin. Il était 22h et les médias n'étaient plus là, trop occupés à interviewer Marine Le Pen dans le hall de l'Hôtel de Ville.