Attac s'est constituée en 1998 sur l'idée gramscienne que ce sont les idées qui mènent le monde.
Acquis aux thèses libérales dominantes depuis la fin des années 70, avec Friedrich Hayek et Milton Friedman, les partis progressistes comme le PS, le SPD allemand, ou le New Labour britannique, sans parler du parti démocrate américain, sont incapables de penser la transformation sociale.
Des associations comme Attac, ou la Fondation Copernic (dont l'ancien président, Yves Salesse, est candidat à la candidature devant les collectifs unitaires antilibéraux) se sont données comme objectif d'inventer et de diffuser un nouveau progressisme, en bref, de gagner la bataille des idées.
Si à chaque grève, on entend des usagers pester contre les "privilèges" des fonctionnaires, si on voit des salariés payés au Smic critiquer les chômeurs "assistés" et les rmistes, c'est uniquement parce que les idées libérales théorisées par des gens comme Hayek ou Friedman, relayées par des chroniqueurs économiques et des éditorialistes, ont fini par s'imposer au sein d'une partie des classes populaires invitée à se retourner non pas contre les capitalistes qui nous exploitent, mais contre les étrangers et les victimes de la guerre économique transformées en bouc-émissaires faciles.
C'est sur cette division des classes populaires, sur ce leurre, sur ce mensonge que le FN prospère et à Hénin-Beaumont où nous n'avons de cesse de dénoncer ce leurre idéologique, Steeve Briois et ses amis sont de plus en plus inquiets...
Pour en revenir à Attac, l'association altermondialiste doit de toute urgence se remettre en ordre de bataille. Elle est malheureusement paralysée par une lutte interne féroce qui concerne au plus 400 ou 500 adhérents sur les 21 000 que compte encore l'association.
Ces 400 ou 500 adhérents se déchaînent sur les listes électroniques. Attac est divisée en deux camps qui s'affrontent pour les élections internes des 9 et 10 décembre.
Les deux anciens présidents d'Attac, Bernard Cassen et Jacques Nikonoff, soutenus par des adhérents de base souhaitent plus de centralisme et veulent marginaliser le collège des fondateurs, constitué d'associations et de syndicats qui exigent un fonctionnement plus collégial de l'association.
Mis en difficulté par les fondateurs soutenus par les trois vice-présidents d'Attac, Jacques Nikonoff et ses amis ont remporté en juin dernier un scrutin truqué que leurs adversaires allaient gagner. Depuis lors, ils ne cessent de dénoncer un coup monté et soutiennent la liste "Avenir d'Attac" aux élections internes. Ils appellent également à voter non à la liste bloquée de 18 candidats pour 18 postes à pouvoir présentée par le collège des fondateurs.
Les fondateurs, notamment menés par Susan George et Pierre Khalfa (représentant de l'union syndicale Solidaires au Conseil d'Administration d'Attac) soutiennent une liste de candidats "Attac : altermondialiste et démocratique". Ils ont l'appui de la majorité des membres du conseil scientifique de l'association et de son président d'honneur René Passet. De nombreux comités locaux les soutiennent.
On ne peut qu'espérer qu'Attac parviendra à surmonter la crise et à se remettre en ordre de marche, car à lire les messages haineux qui s'échangent sur les listes électroniques, on peut craindre le pire.
Dégoûtés, des centaines de militants s'en vont sur la pointe des pieds, les querelles internes font les choux gras du Monde et de Libération, l'association est devenue inaudible et ce sont les libéraux qui s'en réjouissent...