A la lecture de l'article de Christophe Forcari dans Libération de ce matin, on comprend que cette posture "sociale" imaginée par Jean-Claude Martinez n'est pas sans inquiéter un certain nombre de conseillers du leader frontiste, comme Jean-François Touzé.
Rien de bien neuf : Le Pen n'est que le lointain héritier du général Boulanger qui développait une stratégie de conquête des classes populaires en s'appuyant sur le journaliste et ancien communard Henri Rochefort, pendant qu'il recevait des subsides des royalistes comme la duchesse d'Uzès pour restaurer la monarchie.
L'extrême droite n'a pas changé et allie toujours une posture sociale avec un discours profondément conservateur et réactionnaire en matière économique. Le Pen est par exemple pour un service minimum dans les transports et contre le droit de grève des fonctionnaires. Sur ce terrain là, le leader frontiste est le candidat du MEDEF.
Est-il utile de rappeler que le FN rejoint les ultra-libéraux et le MEDEF pour condamner la durée légale du travail, la retraite par répartition, la sécurité sociale, le salaire minimum et l'Impôt Sur la Fortune ?
Avec de telles idées, comment le FN peut-il se poser en défenseur des classes populaires ?
La méthode est simple : comme les ultra-libéraux, le FN oppose les citoyens les uns aux autres.
Il oppose les petits commerçants et les artisans aux fonctionnaires forcément incapables ; il oppose les salariés payés au SMIC aux chômeurs ; il oppose les bons chômeurs forcément "français" et courageux et les mauvais chômeurs forcément "immigrés" et profiteurs.
Tout un courant du PS (Julien Dray pour ne citer que lui...) et du MRC ne s'est pas privé d'expliquer que c'est "l'angélisme", le "laxisme" et le "droit de l'hommisme" qui feraient monter le Front National et que par conséquent, les partis de gauche devraient abandonner des revendications comme celle du droit de vote des étrangers aux élections locales.
C'est une erreur politique majeure et le PCF doit s'en garder.
De la même manière, après que les décrets Balladur aient porté la durée de cotisation de 37 ans et demi à 40 ans dans le secteur privé, la droite a eu beau jeu de dénoncer les "privilèges" des fonctionnaires.
Pour la gauche, la seule position juste était de dévoiler la stratégie de division des classes populaires et de remettre en cause les privilèges du patronat qui a purement et simplement volé aux travailleurs 10 points de PIB en l'espace de 20 ans.
En se plaçant sur le terrain de la droite, le PS, sous l'influence de son aile droite rocardienne, a commis une faute politique grave et persiste dans cette voie sans issue. Ségolène Royal, qui ne compte pas revenir aux 37 ans et demi de cotisation, fait l'enchantement du MEDEF.
La tâche des communistes est d'expliquer sans relâche le mécanisme de l'exploitation et de montrer à tous les travailleurs qui souffrent qu'il faut rompre avec la logique du capitalisme libéral.
C'est de cette manière que l'on fera reculer le FN. De plus en plus de travailleurs verront clair dans l'imposture Le Pen.
Pour mémoire, nous vous rappelons quelques chiffres officiels que TF1, Nicolas Sarkozy et Jean-Marie Le Pen ne vous donneront pas.
Aides publiques aux entreprises en 2005 : 65 milliards d'euros
Montant des exonérations de cotisations patronales en 2006 : 23,6 milliards d'euros
Montant des intérêts financiers et des dividendes versés en 2005 : 224 milliards d'euros
Montant des baisses d’impôts pour les plus riches : 30 milliards d'euros
Montant estimé des actifs financiers des grands groupes en France : 5000 milliards d'euros
A titre de comparaison :
Déficit de la sécurité sociale en 2006 : 10,3 milliards d'euros
Coût de l'augmentation du SMIC à 1500 € dès 2007 : 9 milliards d'euros