Claude Chirac l'avait clairement laissé entendre au Journal du Dimanche. Lundi, l'un des avocats de l'ancien président a annoncé que ce dernier sera présent au 2e jour de son procès, qui commencera la semaine prochaine devant le tribunal correctionnel de Paris.
La défense de l’ancien président de la République a arrêté sa position cette semaine, à la veille de l’ouverture du procès des emplois fictifs le 5 septembre. Treize audiences attendent Jacques Chirac dans le chaudron judiciaire qu’est la 1re chambre correctionnelle, la grande salle où, avant lui, furent jugés Marie-Antoinette, sous la Révolution, et Dominique de Villepin, dans l’affaire Clearstream. "C’est très, très long", soupire un proche de l’ex-chef de l’état, admettant que "la question de sa présence se pose bel et bien". "Avant l’été, il était prévu qu’il vienne simplement lire une déclaration générale et qu’il ne revienne pas ; de toute façon, il ne se souvient absolument pas des emplois dont il est question", expliquait un proche.
Interrogée samedi par le JDD, sa fille Claude affirme que son père est déterminé à assister à son procès : "Jacques Chirac a toujours répondu aux convocations de la justice. Sa volonté est que le procès se tienne et que la justice aille à son terme." Au passage, celle qui fut sa conseillère en communication prévient que, sur ces sujets, il n’y a pas "l’ombre d’une feuille de papier à cigarettes entre la famille, ma mère, moi, Frédéric Salat-Baroux [son mari] et… cela va de soi, les avocats". "Maintenant, ajoute Claude Chirac, si la question de l’état de santé devait se poser, elle relèverait du président du tribunal. La décision lui appartient, et à lui seul."
Le juger en son absence
Elle assure aussi qu’aucune démarche n’a été entreprise pour épargner un procès à son père. Et elle dément que sa mère Bernadette ait eu une conversation sur ce sujet avec Nicolas Sarkozy. Concrètement, Chirac ne sera pas là le lundi après-midi, à l’ouverture des débats. Sa défense compte utiliser cette première journée pour soulever des questions de procédure, notamment demander que l’association Anticor, partie civile, soit écartée de la salle. "Il est attendu à l’audience de mardi ; à notre connaissance, rien n’indique qu’il ne viendra pas, indique-t-on au palais de justice. Sa présence est normalement requise à toutes les audiences." Selon nos informations, une des hypothèses envisagées par le camp Chirac est de demander au président Pauthe de le juger en son absence, conformément à l’article 411 du code de procédure pénale. Il prévoit que "tout prévenu peut, par lettre adressée au président du tribunal, demander à être jugé en étant représenté". Des réunions de travail sont prévues cette semaine entre les proches de l’ancien président et ses quatre avocats, Mes Jean Veil, Georges Kiejman, Éric Dezeuze et Marie Burguburu. Officiellement, aucune décision n’est encore arrêtée. "Jacques Chirac a toujours dit qu’il assumerait ses responsabilités devant la justice", martèle Jean Veil. "L’article 411 est à double tranchant, commente un juriste. Il permet au président du tribunal de reporter l’audience s’il estime la présence du prévenu indispensable… voire de demander une expertise médicale si la défense invoque des raisons de santé."
La question de sa santé est taboue. "Il est capable de lire un texte, mais au-delà, on ne sait pas comment il se comporterait de longues heures à attendre et surtout s’il est apte à répondre à un interrogatoire", admet un proche. "Si c’était M.Tout-le-Monde, dans son état actuel, il est vraisemblable qu’il ne serait pas jugé", glisse un autre. Comme l’a répété Bernadette Chirac à plusieurs personnes cet été, "le mieux aurait été que ce procès n’ait jamais lieu."
Bruno Jeudy et Laurent Valdiguié
Source : Le Journal du Dimanche
Dimanche 28 août 2011 - Mis à jour le 30 août 2011