Après deux semaines d'interruption, retour de la saga héninoise où, cette fois-ci, nous allons nous intéresser à celui qui a souvent été présenté comme son mauvais génie, à savoir l'ineffable Guy Mollet. Haut en couleurs, matois comme pas un et ayant toujours une « affaire » d'avance, celui qui avait fait son nid à Hénin-Beaumont au début des années 2000, est tout aussi éberlué que Gérard Dalongeville lorsque le 7 avril, à 6 heures, il reçoit la visite de cinq policiers en son domicile de la cité des Margodillots. Des visiteurs matutinaux qui lui signifient aussitôt son placement en garde à vue, procédure pour laquelle Guy Mollet tentera d'alerter son avocat, Maître Desurmont dès 6 h 55... pour ne l'obtenir finalement que sur le coup de 8 h 30. En attendant, les policiers ratissent la maisonnée et dénichent une multitude d'éléments appelés à composer l'intrigant puzzle héninois. Il y a tout d'abord deux photos de la résidence de Léon (« Un vieux bâtiment du côté de Biarritz, appartenant à la ville d'Hénin-Beaumont qui est à vendre depuis des années, au moins 15-20 ans ! » assène Guy Mollet)... Et des indices laissant entendre qu'on a affaire à un grand voyageur puisque, dans le portefeuille de l'Héninois se trouvent une carte American Express Air France/KLM, une carte d'abonnement Air France et une autre d'une compagnie de location autos... Dans un tiroir, des documents ayant trait à des commissions, un chèque non encaissé et des facturettes de carte bleue d'un café PMU, « un débit de boissons que je fréquente souvent. J'y fais des dépenses de jeu et de boissons, et j'y vais parfois pour obtenir du liquide... » Découverte également d'une citation à comparaître du tribunal correctionnel de Carcassonne, M. Mollet et son associé ayant à répondre du déboisement sauvage d'un 1,2 hectare qui se révélait être propriété communale d'un village de l'Aude. Explications embrouillées du gardé à vue : « J'ai été condamné pour une faute commise par quelqu'un d'autre, je vais faire appel. On voulait faire un lotissement, on a débroussaillé pour faire les plans, mais nous ne ferons pas ce lotissement... » En vrac, des cartes de visite en pagaille, d'un associé du Loiret, d'architectes belges mais aussi de fonctionnaires de police que M. Mollet explique avoir rencontré lors d'une réunion au Cèdre bleu à l'occasion d'un repas pour l'orphelinat de la police. Également dénichée une carte routière luxembourgeoise que l'homme d'affaires explique avoir acheté « pour me rendre au Luxembourg. J'y ai loué une BMW série 5 et je me rendais là-bas parfois. J'ai entamé des démarches pour y ouvrir un compte bancaire mais sans succès car il fallait y déposer au moins 30 000 € que la banque investirait ensuite. Ils ne voulaient pas de dépôt ». Amusant également que ces documents ayant trait au club cycliste de l'UCSL Perthuis pour lequel Guy Mollet explique qu'il comptait acheter une voiture...
Et puis, cerise sur le gâteau, que ces plaquettes et photos d'avions Falcon, Learjet ou Cessna pour lesquels Guy Mollet confesse vouer une passion. Et même à un avion particulier qui, explique l'Héninois, appartient à un de ses amis, patron picard de la société L Invest (lire les épisodes précédents). Un avion à propos duquel M. Mollet fait des amalgames entremêlant les affaires de son associé avec celles d'une compagnie d'avions-taxis de Lesquin qui, à la lumière de ce que l'on sait aujourd'hui, prêtent plus qu'à sourire : « Je sais qu'il a revendu cet avion car ils n'arrivaient plus à l'exploiter. Je crois mais n'en suis pas sûr, que la société ATS est en liquidation. Les photos de cet avion ont été pris à Castres. Je suis allé plusieurs fois à Carcassonne à bord de cet avion ! » La boite de Pandore est ouverte !
P. W.
À suivre...
Source : La Voix du Nord
Jeudi 09 juin 2011