Stupéfaction à la lecture du dernier numéro du magazine municipal, parvenu dans nos boîtes aux lettres la semaine dernière. Le numéro de décembre du magazine municipal Hénin-Beaumont le mag' vole en effet au secours de Jean-Pierre Kucheida, le député-maire de Liévin, président de la CALL et président de l'Epinorpa qui est, on le sait, la cible d'une enquête de la brigade financière pour enrichissement personnel après plusieurs rapports de la CRC qui ont épinglé la gestion des structures qu'il préside.
A deux reprises, dans l'éditorial signé du maire, Eugène Binaisse et dans la tribune de l'Alliance Républicaine signée Georges Bouquillon, en fin de magazine, le maire et son premier adjoint rappellent le principe de la présomption d'innocence : « la force de notre République Démocratique repose sur la présomption d'innocence » affirme le maire dans son éditorial, qui cible Gérard Dalongeville, accusé de « continuer à ternir l'image de notre ville ».
Dans la tribune qu'il signe pour la majorité municipale, Georges Bouquillon évoque des « dénonciations qui parfois frisent la calomnie. Du régime de la "présomption d'innoncence", nous sommes passés à celui du "présumé coupable" » et le premier adjoint de s'efforcer laborieusement de démontrer que l'attitude de l'AR vis-à-vis de Gérard Dalongeville n'avait rien à voir avec celle des blogueurs qui combattent Jean-Pierre Kucheida avant de nous asséner l'argument massue de tous les timorés : « Quels sont ceux qui bénéficient de cet état de fait ? La réponse est simple : Ce sont les gens du Front National ».
Effectivement, il faut le concéder à Eugène Binaisse et Georges Bouquillon, leur attitude lorsqu'ils étaient dans l'opposition n'avait rien à voir avec celle qu'ils adoptent aujourd'hui. A l'époque, l'Alliance Républicaine, qui, à nos yeux, avait tendance à mettre tous les partis de gauche dans le même sac, critiquait sans nuance "le système", mais appelait un chat un chat et utilisait les mots qu'il fallait : clientélisme, corruption, démagogie. Ces mots, l'AR les utilisait non seulement contre l'ancien premier magistrat, mais elle n'avait pas de mots assez durs contre ses parrains de la fédération et même contre les opposants à l'intérieur de la majorité, qui partageaient pourtant toutes les convictions anticorruption de l'AR, mais voulaient agir à l'intérieur des partis dans le cadre d'une alliance de gauche dont il n'était pas question de laisser le drapeau à un maire qui en était indigne.
L'AR était si radicale qu'en 2009, elle a même refusé toute fusion de liste avec la liste "Un Nouvel Elan pour Hénin-Beaumont", qui était pourtant, autant qu'elle, une liste anticorruption, au prétexte que ses électeurs n'approuveraient jamais une liste d'union au second tour avec des gens comme Pierre Ferrari et moi, qui avions fait le choix, pour un temps très court, du combat de l'intérieur. Pour l'AR, ce choix était une faute qu'il fallait expier. C'est dire la radicalité de l'AR, une radicalité qui, par moments et nous le leur avons suffisamment reproché, confinait au sectarisme et à l'isolement.
La position actuelle de l'AR sur l'affaire Kucheida est donc, comme d'autres choix politiques que nous avons déjà critiqués sur ce blog, difficilement compréhensible.
On ne demande pas à l'Alliance Républicaine de bafouer la présomption d'innocence, mais entre la diffamation et la prise de position sans ambiguïté, il y a une marge. Rien n'interdit à l'AR de relayer sur son blog politique qui jusqu'à preuve du contraire est bien un blog politique et pas le site bis de la municipalité, les innombrables articles de presse qui accablent le député-maire "socialiste" de Liévin, dont les factures de restaurant se montent à trois mois de la pension d'une veuve de mineur.
Dans ce genre d'affaire, ce sont les silences gênés des responsables politiques qui font le jeu du FN qui serait resté seul sur le créneau de l'éthique si d'autres blogueurs politiques n'avaient pas pris leurs responsabilités en informant largement les lecteurs. Le FN défenseur de l'éthique, ça aurait été le comble, Georges Bouquillon l'a rappelé à juste titre, pour un parti qui n'a pas de leçon à donner au vu des résultats de ses municipalités et du bel exemple de succession dynastique des Le Pen père et fille.
Si Eugène Binaisse et Georges Bouquillon cherchaient à ne pas donner de billes au FN, ils s'y sont pris de la plus mauvaise des manières...
Hénin-Beaumont le mag' vole au secours de Kucheida
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