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Le blog de David Noël, militant communiste, syndicaliste et défenseur des droits de l'homme du Pas-de-Calais

Le blog de David Noël, militant communiste, syndicaliste et défenseur des droits de l'homme du Pas-de-Calais

Ce blog politique est animé par David Noël, militant communiste, syndicaliste enseignant, défenseur des droits de l'homme et ancien adjoint au maire, conseiller communautaire et conseiller municipal PCF d'Hénin-Beaumont.


Hénin-Beaumont, terre de gauche tentée par l’extrême droite

Publié par David NOËL sur 25 Mai 2012, 09:30am

Catégories : #Passages presse

logo-la-croix.gifLa 11e  circonscription du Pas-de-Calais, théâtre de l’affrontement annoncé entre Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen, sera l’une des plus surveillées lors du scrutin.

Dominées par la gauche depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, ces terres sont aujourd’hui tiraillées entre cet ancrage historique et le vote Front national.

C’est jour de marché à Courrières. Entre un étal de légumes et un vendeur de gadgets électroniques, Philippe Kemel, en costume bleu sombre, vient à la rencontre de ses électeurs.

Il lui faut se présenter. Car c’est la première fois que le candidat du PS et maire de Carvin, une commune voisine récemment rattachée à cette 11e  circonscription du Pas-de-Calais détenue par le Parti socialiste, se lance dans l’arène des législatives.

Il n’a pas la notoriété de son rival du Front de gauche, Jean-Luc Mélenchon, venu se mesurer à Marine Le Pen dans un affrontement hautement médiatique. « Mais nous sommes le meilleur rempart face au Front National »,  assure-t-il.

« Le vote utile face au FN, c’est Mélenchon »

À cinq kilomètres de là, à Hénin-Beaumont, David Noël, le secrétaire de la section du Parti communiste, n’a pas tout à fait la même lecture de la situation.

« Le vote utile face au FN, c’est Mélenchon, et beaucoup de militants socialistes nous le disent aussi »,  insiste-t-il. Et de rappeler les chiffres d’un sondage Ifop publié par le Journal du dimanche  le 20 mai.

Dans un secteur géographique traditionnellement dominé par les socialistes, où Marine Le Pen est arrivée en tête au premier tour de la présidentielle avec 31,4 % des voix, mais où François Hollande a rassemblé 60 % des suffrages le 6 mai, le leader du Front de gauche l’emporterait dans tous les cas de figure face à la fille de Jean-Marie Le Pen (1).

Au nom de la mémoire d’un certain passé, le responsable local du PCF verrait « tout un symbole » dans un succès. « Je sais que les générations ont changé, que la sociabilité liée à la mine a disparu, que ces zones sont les plus touchées par le chômage, mais j’ai honte de voir que l’on vote massivement Front national dans des rues de cités minières qui portent le nom de fusillés de la Seconde Guerre mondiale,  témoigne-t-il. Une victoire de Jean-Luc Mélenchon serait le début de la fin pour le FN ici. Cela nous aiderait aussi à garder la mairie à gauche. Car pour nous, le vrai danger, ce sont les municipales de 2014. » 

Une implantation frontiste

Avec ses 26 000 habitants, soit un cinquième du total de la circonscription, Hénin-Beaumont reste en effet l’épicentre de l’implantation frontiste au cœur de l’ancien bassin minier.

En 2009, le mouvement d’extrême droite a recueilli 47,62 % des voix lors d’élections municipales provoquées par la révocation du maire socialiste de la ville, Gérard Dalongeville, mis en examen pour des malversations comptables.

Sur des terres historiquement ouvrières et de gauche, le FN a trouvé un relais très efficace en la personne de Steeve Briois pour utiliser un contexte extrêmement favorable.

D’un côté, de fortes difficultés sociales et économiques. De l’autre, un Parti socialiste localement décrédibilisé et divisé, après des années de domination sans partage.

L’UMP n’a investi personne

Philippe Kemel a été désigné après une primaire tumultueuse interne qui a laissé le député sortant, Albert Facon, sur le carreau. « Ces histoires ont fait un mal considérable aux socialistes », souligne Albert Lebleu.

Cet ingénieur de formation est un « ex » de Metaleurop, la dernière grande usine du coin, fermée en 2003. Un drame social de plus dans une région déjà marquée par l’arrêt de la production de charbon.

« En plus, on est dans un bassin où le niveau culturel est plus faible qu’à Paris, ajoute-t-il. Il est évident qu’il y a un lien direct entre ce niveau et les scores du FN. »

La droite républicaine, elle, a bien du mal à exister. L’UMP n’a investi personne. Elle s’est contentée de désigner un suppléant à Jean Urbaniak, maire MoDem de Noyelles-Godault.

Il administre la seule commune de la circonscription à ne pas être dirigée par un communiste ou un socialiste et ne se prive pas de dénoncer les excès de cette mainmise. « Le PS a carrément invité le Front national à s’installer pour ensuite en faire un épouvantail », avance-t-il.

« Territoire à deux vitesses »

La dernière « gaillette » de charbon extraite dans le nord de la France l’a été dans cette 11e  circonscription du Pas-de-Calais, en 1990, à Oignies. Sur ce même site, Vincent Froger est directeur d’études à la Mission bassin minier, une structure créée pour accompagner « l’après-mine ».

Il décrit un « territoire à deux vitesses ». Un ancien bastion industriel frappé par la crise, mais qui crée des emplois, désormais dans le tertiaire. Des zones en grandes difficultés, mais d’autres qui se développent en lien avec l’agglomération lilloise toute proche…

« C’est vrai qu’il y a une partie de la population qui a du mal et qui a décroché, analyse-t-il. Tout l’enjeu est de la raccrocher. Si on y parvenait, on aurait en grande partie réglé la question du Front national. »

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L’omniprésent Rassemblement Bleu Marine

C’est sous l’étiquette du Rassemblement Bleu Marine que 572 candidats (sur 577 circonscriptions) se présentent devant les électeurs pour porter les idées de Marine Le Pen.

Selon les décomptes du FN, 527 d’entre eux sont membres du parti d’extrême droite, 34 appartiennent au mouvement « Souveraineté, indépendance et libertés (Siel) » créé par l’ancien parlementaire européen (successivement pasquaïen puis chevènementiste puis villiériste) Paul-Marie Coûteaux (lui-même candidat dans la 2e circonscription de la Haute-Marne) et 10 sont sans étiquette partisane, dont l’avocat Gilbert Collard dans la 2e circonscription du Gard.

Le FN soutient par ailleurs l’ancien maire de Nice Jacques Peyrat (Entente républicaine) dans la 1re circonscription des Alpes-Maritimes, également soutenu par les « identitaires » de Nissa Rebela.

(1) Sondage effectué par téléphone du 15 au 17 mai auprès de 602 personnes.

PASCAL CHARRIER, à Courrières, Hénin-Beaumont, NOYELLES-GODAULT, OIGNIES (Pas-de-Calais)


Source : La Croix
Jeudi 24 mai 2012

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