Jean-Luc Mélenchon pourrait rapidement revenir au premier plan de l'actualité. Mais pas sur le dossier de son choix : le Conseil constitutionnel doit se prononcer dans les prochaines semaines sur la validité de l'élection législative dans la 11e circonscription du Pas-de-Calais, où M. Mélenchon avait été éliminé au premier tour.
Après le second tour, le 17 juin, Marine Le Pen avait annoncé le dépôt d'un recours contre l'élection de Philippe Kemel, le candidat socialiste, qui l'a devancée de 118 voix. Le FN a incriminé une soixantaine de signatures, qui présenteraient des différences entre les deux tours, à Carvin, où M. Kemel est maire, Méricourt et Libercourt.
La situation est compliquée pour le leader du Front de gauche. S'il n'est pas candidat, on dira qu'il se dégonfle. S'il se présente, il risque une nouvelle défaite. Mais le coprésident du Parti de gauche (PG) semble se résigner à l'idée de retourner au front. Le 28 octobre, sur France Inter, il s'est de nouveau dit "prêt à servir": "Je ne fais pas partie de ces chefs qui se cachent, qui vont dans les circonscriptions arrangées d'avance des chefs socialistes. Donc, j'irai en première ligne."
"TRICHERIE"
A Hénin-Beaumont, le PCF verrait d'un bon œil que M. Mélenchon rempile. "Il serait logique que le candidat de la dernière fois se représente", estime David Noël, secrétaire de la section communiste d'Hénin-Beaumont. L'ex-suppléant PCF de M. Mélenchon, Hervé Poly ne déborde pas d'enthousiasme. "Mélenchon et moi, c'est pareil, on préférerait qu'on ne nous demande pas d'y retourner mais on fera face", explique-t-il.
Sur place, l'inquiétude gagne, y compris dans les rangs socialistes. "La situation préoccupe beaucoup Martine Aubry, indique-t-on dans l'entourage de la maire de Lille. Elle est persuadée que si l'élection est annulée, Marine Le Pen sera élue."
Car le contexte a changé et François Hollande a chuté dans les sondages. De plus, une invalidation ne manquera pas d'alimenter un sentiment de "tous pourris" profitable au FN. Sur son blog, le 24 octobre, M. Mélenchon soulignait qu'il faudrait s'interroger sur les causes d'une éventuelle annulation. "S'il y a eu tricherie, qui en est responsable ?, écrivait-il. Beaucoup penseront que c'est le vainqueur, le bénéficiaire. Cela serait logique. En tout cas, on peut compter sur Marine Le Pen pour le dire."
ATTAQUES ENVERS LE GOUVERNEMENT
Une option pourrait être une candidature unique de la gauche dès le premier tour. Reste à trouver le bon candidat. "Il n'y a pas de solution miracle", prévient l'ex-candidate EELV, Marine Tondelier. Il semble difficile que le PS se range derrière M. Mélenchon, qui multiplie les attaques envers le gouvernement. Mais, soutenir d'emblée un candidat PS est politiquement difficile pour le coprésident du PG.
Hervé Poly n'y serait pas défavorable mais pas à n'importe quel prix : "Si le PS ne se range pas à la raison, il y aura une candidature Front de gauche." Comprendre que si la législative est annulée, ce sera compliqué de soutenir M. Kemel. Ce dernier refuse de dire s'il serait candidat. De quoi désespérer Pierre Ferrari, un dissident socialiste d'Hénin-Beaumont : "Si on reprend les mêmes, c'est évident que Mme Le Pen s'envolera vers la victoire. Il n'y a pas le choix : ce sera l'unité ou la défaite."
Légende photo : Jean-Luc Mélenchon au premier tour des législatives dans la 11e circonscription du Pas-de-Calais. | Olivier Coret/french-politics pour "Le Monde"
Source : Le Monde
Jeudi 1er novembre 2012