Irak et Kosovo

Une fois n'est pas coutume, il faut remercier Pierre Lellouche, invité sur le plateau de "Mots croisés" le 14 avril dernier, pour la justesse de son intervention. Pierre Lellouche s'étonnait en effet des prises de position hostiles à la guerre contre l'Irak d'organisations ayant ouvertement soutenu l'intervention otanesque au Kosovo.
La comparaison est tout sauf anecdotique : dans les deux cas, il s'agissait de guerres d'agression menées en violation du droit international ; dans les deux cas, la guerre prend la forme d'une campagne de bombardements meurtriers et fait de nombreuses victimes civiles. Dans le cas kosovar, l'intervention armée de l'Otan aboutit à la création d'un véritable protectorat otanesque ; dans le cas irakien, les Etats-Unis et leurs alliés ne font pas mystère de leurs intentions d'occuper militairement l'Irak, à titre transitoire, jurent-ils la main sur le coeur... Comment les croire ?
A cet égard, l'infléchissement de la position française qui se veut désormais "pragmatique", est une mauvaise nouvelle pour tous les partisans de la paix. Les "coalisés" se sont rendus coupables de crimes contre la paix et d'innombrables crimes de guerre et devraient être jugés pour leurs actes. Malheureusement, après avoir soutenu l'intervention de l'Otan au Kosovo, les principaux dirigeants socialistes français trustent désormais les plateaux de télévision pour affirmer leur hostilité à la guerre, tout en condamnant le pacifisme, naturellement qualifié de "bêlant"...
Un an après le 21 avril, force est de constater qu'une partie de la gauche souffre toujours d'autisme : Lionel Jospin affirmait benoîtement que son projet n'était pas socialsite ; ses héritiers ne se veulent pas pacifistes et agitent constamment la référence à Munich pour discréditer les pacifistes sincères [...].

David Noël, Hénin-Beaumont
(Pas-de-Calais)

Source : Courrier des lecteurs - Politis
Vendredi 2 mai 2003