«Le projet de Hollande n'est pas le nôtre», prévient Pierre Laurent, secrétaire national du Parti communiste français.
«Aucun gouvernement de gauche ne fera adopter la règle d'or avec notre appui !» Pierre Laurent s'y est engagé jeudi soir devant la porte en verre et en fer forgé cadenassée des bureaux parisiens de l'agence Moody's, face aux militants de la gauche radicale venus manifester contre «l'argent roi».
Le secrétaire national du Parti communiste est méfiant. Après la désignation du candidat socialiste et à l'issue d'un conseil national du PCF, il indiquait que «les inflexions» de François Hollande sur le projet socialiste n'étaient «pas faites pour rassurer» le Front de gauche, alliance de la gauche de la gauche qui a Jean-Luc Mélenchon pour candidat à la présidentielle. Première gêne de Pierre Laurent : la «visite immédiate» faite par le candidat PS à José Luis Zapatero «dont le gouvernement socialiste se prépare le 20 novembre à une défaite électorale cuisante pour avoir appliqué avec zèle l'austérité au peuple d'Espagne…»
Il dénonce aussi «l'alliance souhaitée jusqu'au centre», le «respect draconien des injonctions européennes de réduction des déficits» ou «le contrat de générations» qui ferait «la part belle aux exonérations de cotisations sociales patronales». Le projet de François Hollande, «prétendant sérieux à la victoire», n'est «pas le nôtre», prévient Laurent.
«La poigne de l'apparatchik»
Ce projet n'est pas plus celui de Mélenchon qui, sur TF1, a jugé Hollande «complètement dépassé». Cette «gauche des années 1990» qu'incarnerait Hollande, Mélenchon l'a bien connue au PS où il a côtoyé l'ex-premier secrétaire. «François Hollande, durant onze années, va s'affronter à Jean-Luc Mélenchon, principal dirigeant du courant du PS La Gauche socialiste», raconte l'ex-PS Alexis Corbière, élu au Conseil de Paris du Parti de gauche, fondé par Mélenchon après son départ du PS en 2008. Pendant ces années, indique sur son blog Corbière, proche de Mélenchon, Hollande a voulu «briser ce pôle de résistance» et s'y est employé avec «constance et opiniâtreté» avec «la poigne de l'apparatchik qui triche et qui méprise». Des «marques du système hollandais qui, précise Corbière, n'ont pas commencé au congrès de Reims de 2008…»
C'est du congrès de Brest, en 1997, que Corbière date «le début de la rupture définitive» entre Hollande et Mélenchon qui se présentent l'un contre l'autre pour le poste de premier secrétaire. Les résultats, proclamés «trois semaines» plus tard, sont empreints de «triches». «Ce jour-là, raconte l'élu parisien, Jean-Luc a compris la vraie nature du “hollandisme”. Derrière les sourires, les bons mots et les rondeurs, c'est le visage de l'homme d'appareil qui blesse ses opposants et qui brise avec des méthodes troubles ceux qui l'empêchent de mettre en application ses plans d'adaptation de la gauche (…) au “blairisme” hexagonal.» Corbière espère au plus vite un débat entre Mélenchon et Hollande, cet «illusionniste de la joute verbale».
Sophie de Ravinel
Source : Le Figaro
Vendredi 28 octobre 2011