Ils étaient sept membres de l'association à manifester mais le PCF qualifie le CCDH de «vitrine d'une organisation sectaire.»
| ON EN PARLE |
Hier, une délégation de la Commission des citoyens pour les Droits de l'homme (CCDH) a posé ses vélos devant le centre hospitalier héninois. Sept membres de cette association, co-fondée par l'église de scientologie (considérée comme une secte en France), sont venus dénoncer les abus psychiatriques et un imminent projet de loi. Mais certains acteurs locaux se sont insurgés contre cette présence.
« Psychiatres, ne médicalisez pas nos émotions », « L'électrochoc tue : 10 000 morts par an dans le monde ». Les messages affichés devant le centre hospitalier d'Hénin-Beaumont sont forts, alarmants même. Ces banderoles ont été installées par les membres de la CCDH, qui ont entamé un périple à vélo lundi pour rejoindre la commission européenne de Bruxelles ce soir. Au passage, ils s'arrêtent devant 14 services de psychiatrie.
Scientologie
Après Lens hier matin, c'est à Hénin qu'ils ont fait passer leur message. « On a l'internement facile en France » explique Mylène Escuder, la présidente, qui avance des chiffres. « 72 000 internements par an, 70 000 séances d'électrochoc ». Ce qu'elle et les membres du CCDH sont venus dénoncer, c'est un projet de loi de la ministre Roselyne Bachelot. « Ce projet de loi devrait être voté à l'Assemblée nationale à l'automne. Cela implique qu'un psychiatre pourra interner n'importe quel citoyen contre son gré et sans l'accord d'un proche. C'est tout à fait liberticide. » Une loi, née, selon elle, de différents faits divers qui ont défrayé la chronique, mettant en cause des personnes victimes de troubles mentaux. Mais la jeune femme ne s'arrête pas là et remet en question la psychiatrie elle-même et « les effets des médicaments prescrits qui font la fortune des industries pharmaceutiques ».
La CCDH ne s'en cache pas : « l'association a été fondée en 1969 aux États-Unis par le docteur Szasz, professeur en psychiatrie, et l'Église de scientologie. Mais aujourd'hui, nous sommes indépendants », reprend Mme Escuder. C'est là que le bât blesse pour les acteurs locaux. Comme la Ligue des Droits de l'Homme (LDH) et le parti communiste français qui, bien que contre le projet de loi dénoncé, « ne soutient pas l'initiative d'un groupe qui n'est qu'une vitrine d'une organisation sectaire. Nous appelons les citoyens inquiets des dispositions de la loi Bachelot à se rapprocher des associations qui se battent effectivement et avec sérieux pour une autre réforme de la psychiatrie.»
A.-C. G.
Source : La Voix du Nord
Vendredi 13 août 2010