C'est le site Préférence nationale, un site d'analyse, de décryptage et d'observation de l'extrême droite qui le révèle : Steeve Briois, secrétaire général du FN, conseiller municipal d'Hénin-Beaumont et conseiller régional, ainsi que son bras droit Laurent Brice, secrétaire départemental du FN du Pas-de-Calais et conseiller municipal d'Hénin-Beaumont auraient fait partie de l'Œuvre Française.
L'Œuvre Française est une organisation d'extrême droite ultranationaliste fondée par Pierre Sidos, un militant d'extrême droite né en 1927, ancien du francisme de Marcel Bucard, fils de François Sidos, membre des Jeunesses Patriotes, collaborationniste et haut responsable de la Milice, fusillé en 1946.
Après la guerre, Pierre Sidos a fondé successivement le mouvement d'extrême droite Jeune Nation, puis, après son interdiction, le parti nationaliste. Emprisonné pour ses activités à l'OAS, Pierre Sidos a participé à la fondation du mouvement Occident avant de fonder l'Œuvre Française en 1968.
L'Œuvre Française est une organisation ultra-nationaliste nostalgique du régime de Vichy et du nazisme. Comme les Chemises Noires de Mussolini, les membres de l'Œuvre Française arborent un uniforme : ils portent la chemise bleue et font le salut nazi. A la place de la croix gammée, ils arborent des drapeaux à la croix celtique.
Dans les années 90, Pierre Sidos s'est rapproché du FN et certains membres du parti de Jean-Marie Le Pen ont eu la double appartenance FN/Œuvre Française (la double appartenance est théoriquement interdite dans les statuts du FN). Jean-Marie Le Pen a fermé les yeux et s'est servi de ces militants qui ont investi le service d'ordre du FN, le DPS et participent aux défilés du 1er mai et aux meetings du FN.
Durant la campagne interne, l'Œuvre Française, comme le journal Rivarol, ont soutenu Bruno Gollnisch. Ce sont des militants gollnischiens de l'Œuvre Française qui ont animé le site des Jeunes avec Gollnisch et lancé le magazine Droite Ligne pour concurrencer le magazine mariniste Nations Presse Magazine.
Plusieurs photos de militants FN de l'Œuvre Française candidats aux cantonales ou conseillers régionaux, comme celle d'Alexandre Gabriac faisant le salut nazi ont circulé sur internet relativisant fortement la fable de la dédiabolisation du FN chantée par Marine Le Pen sur les plateaux de télévision. Décidée à jouer la carte de la modernité tout en éliminant des cadres de la tendance gollnischienne, Marine Le Pen et sa garde rapprochée ont fait le ménage et exclu Alexandre Gabriac et Yvan Benedetti, secrétaire départemental adjoint du FN du Rhône pour incompatibilité avec la stratégie de «dédiabolisation» impulsée par Marine Le Pen. Yvan Benedetti avait déclaré être "antisioniste, antisémite et anti-juif" dans une interview à des étudiants d'une école de journalisme. Au total, une quinzaine de militants gollnischiens auraient été mis à la porte, temporairement ou définitivement.
Un de ces militants s'appelle Christophe Georgy. Ce responsable du DPS (service d’ordre du FN) pour la zone « Grand Est » a été candidat à plusieurs élections sous l’étiquette FN, la dernière fois aux régionales de 2010. Accusé de double appartenance FN/Œuvre Française et d’animer un site et un bulletin de liaison à la gloire de Léon Degrelle, leader du mouvement rexiste - un mouvement collaborationniste belge - et engagé volontaire sur le front de l'Est dans la division SS Wallonie, Christophe Georgy a été suspendu du FN pour six mois.
Dans sa réponse que s'est procurée le site Préférence nationale, Christophe Georgy nie contre toute évidence son appartenance à l'Œuvre Française alors que le site d'informations antifascistes REFLEXes publie une photo datant de 2009 où on voit Christophe Georgy animer la première réunion de l'Œuvre Française à Dijon, en présence de Pierre Sidos et Yvan Benedetti.
Georgy nie également être l'animateur du site des amis de Léon Degrelle : "Si j'ai écrit dedans, cela reste à prouver. Jamais mon nom n'apparaît. On ne peut faire aucun lien entre ce blog et moi" écrit-il dans une phrase qui résonne comme un aveu.
Accusé de sympathies nazies, le militant exclu du FN renvoie Marine Le Pen à ses contradictions : "il m'étonnerait beaucoup qu'un jour, on puisse produire des photos de moi au côté d'anciens SS. Des photos, comme par exemple, madame le président, ou vous vous pavanez avec l'ancien nazi, le SS Franz Schönhuber". De fait, Franz Schönhuber a été député européen d'extrême droite entre 1989 et 1994 et a siégé dans le même groupe que Jean-Marie Le Pen qu'il admirait. Des photos de Marine Le Pen aux côtés de Franz Schönhuber peuvent facilement être trouvées sur internet.
On apprend surtout, dans la lettre incendiaire de Christophe Georgy que Steeve Briois et Laurent Brice auraient fait partie de l'Œuvre Française. Georgy évoque une réunion de l'Œuvre Française le 25 juillet 1993 à Rancourt, dans la Somme à laquelle assistaient Steeve Briois et Laurent Brice.
Ces révélations à prendre toutefois avec des pincettes seraient très graves pour les deux cadres frontistes, si elles sont avérées. Si le FN ne remet pas officiellement en cause le régime républicain, il n'en va pas de même de l'Œuvre Française, organisation fasciste et antisémite violemment hostile au système démocratique.
Marine Le Pen enquêtera-t-elle sur les sympathies fascistes supposées de son secrétaire général et d'un de ses secrétaires départementaux les plus proches ?
Si MM. Briois et Brice ont effectivement appartenu à l'Œuvre Française, cela signifie qu'ils ont menti aux électeurs sur leur passé en leur cachant leur appartenance à une organisation fasciste. Ils n'ont plus leur place au conseil municipal ni au conseil régional et ils doivent démissionner de leurs mandats.
Télécharger la lettre de Christophe Georgy
Steeve Briois et Laurent Brice auraient fait partie de l'Œuvre Française
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