Contrairement à ce qu'il espérait, nous nous sommes désistés entre les deux tours par discipline républicaine. Frustré de ne pas avoir gagné, le FN tente maladroitement de nous pousser à la faute en nous incitant à ne plus pratiquer la discipline républicaine et en nous traitant de "neuneus". La ficelle est grosse...
Au PCF, la discipline républicaine n'est pas un vain mot et on comprend la fureur de Briois et Bilde qui parlent systématiquement de "front ripoublicain", des propos injurieux et qui montrent le vrai visage de Briois, Bilde et leurs séides qui détestent la République. Décidément, non, le Front National n'est pas un parti républicain !
La réalité, c'est que la discipline républicaine entre partis de gauche est un principe sur lequel on ne peut pas transiger et qui est au coeur des valeurs de la gauche depuis la fin du XIXe siècle : après l'Affaire Dreyfus, les socialistes et les radicaux qui n'avaient ni les mêmes valeurs, ni le même programme se retrouvent côte à côte dans un gouvernement de défense républicaine face aux ligues antisémites qui rêvaient d'un coup d'Etat et de l'instauration d'un régime plébiscitaire. C'est que les socialistes et les radicaux se reconnaissaient dans le camp de la République et du progrès social. Aux élections au suffrage uninominal, on se désiste alors pour le candidat de gauche le mieux placé. Aux élections qui ont lieu au scrutin de liste, on fusionne les listes au second tour pour faire barrage à la droite et à l'extrême droite. La discipline républicaine repose sur le principe du désistement réciproque ; elle a permis au Bloc des Gauches d'arriver au pouvoir en 1902.
On peut faire la même démonstration pour le Front Populaire : c'est la discipline républicaine et le désistement réciproque entre communistes, socialistes et radicaux aux législatives de 1936 qui permet au gouvernement Blum d'arriver au pouvoir après que les ligues aient tenté le 6 février 34 un coup de force contre le parlement pour instaurer un régime plébiscitaire d'inspiration fasciste.
Le PCF a toujours accepté la discipline républicaine. Aux législatives de 1993, alors qu'une seule voix séparait Yves Coquelle d'Albert Facon, le PCF s'est désisté en faveur du PS pour battre Jean Urbaniak, candidat de la droite.
Dans les années 80, le FN a espéré un temps pouvoir pratiquer les désistements réciproques avec le RPR et l'UDF sauf que les partis de droite, après un temps de flottement ont refusé : le FN n'est pas un parti républicain, il ne pouvait pas y avoir de désistement réciproque ou de fusion de liste avec les frontistes.
Cette position de la droite est parfaitement juste. En France, les concepts de "gauche" et de "droite" sont apparus avec la Révolution française de 1789. A droite, les conservateurs qui acceptaient la révolution politique, mais voulaient conserver l'ordre social, à gauche, les progressistes qui voulaient aller à une révolution sociale qui parachève la révolution politique.
De l'Action Française au début du XXe siècle au Front National aujourd'hui, le FN s'inscrit dans une tradition contre-révolutionnaire qui a mis en application ses idées sous le régime de Vichy. Le FN n'est donc pas un parti républicain et la droite est parfaitement fondée à refuser la pratique du désistement réciproque.
Isolés et furieux, les frontistes parlent donc systématiquement de "front ripoublicain" contre eux, une formule qui vise à salir leurs adversaires et ne convaincra que les convaincus. A qui Briois veut-il faire croire que Daniel Duquenne, Régine Calzia, Pierre Ferrari, Christine Coget ou David Noël seraient des ripoux ? Personne ne croit Briois lorsqu'il balance ce genre de formule qui le ridiculise plus qu'autre chose.
A Hénin-Beaumont, le PCF a plaidé, avec ses partenaires d'Un Nouvel Elan pour Hénin-Beaumont pour une fusion des listes républicaines au soir du premier tour. Au scrutin de liste, la discipline républicaine se traduit habituellement par une fusion des listes dans un front républicain et chacun s'engage à la réciprocité.
En refusant, l'Alliance Républicaine nous a contraint à nous désister parce qu'un maintien au second tour aurait provoqué une triangulaire et fait gagner le FN. Même si l'Alliance Républicaine en aurait été la seule responsable, par son sectarisme, dans ce cas de figure, c'est toujours la liste arrivée derrière qui est accusée de tous les maux. Le désistement était donc devenu la seule solution.
Nous avons été littéralement piégés par l'Alliance Républicaine dont le sectarisme est d'autant plus choquant que tout montre que dans le scénario inverse, il n'y aurait eu aucune réciprocité et que l'AR, poussée par ses extrémistes fanatiques, aurait maintenu sa liste au second tour.
Ce scénario ne se répétera pas aux prochaines élections. Pour une simple et bonne raison : la prochaine fois, c'est nous qui serons en tête de la gauche. A l'AR d'en tirer les conséquences. Si elle ne le fait pas, elle en portera toute la responsabilité.