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Le blog de David Noël, militant communiste, syndicaliste et défenseur des droits de l'homme du Pas-de-Calais

Le blog de David Noël, militant communiste, syndicaliste et défenseur des droits de l'homme du Pas-de-Calais

Ce blog politique est animé par David Noël, militant communiste, syndicaliste enseignant, défenseur des droits de l'homme et ancien adjoint au maire, conseiller communautaire et conseiller municipal PCF d'Hénin-Beaumont.


Chassaigne : "Je ne me considère pas comme un opposant de gauche"

Publié par David NOËL sur 2 Juillet 2012, 05:30am

Catégories : #Actualité

Andre-Chassaigne-12.jpgINTERVIEW DE LA SEMAINE - André Chassaigne, président du groupe Gauche démocrate et républicaine (GDR) qui regroupe des élus du Front de gauche et des députés ultramarins, a reçu leJDD.fr à l'Assemblée nationale. Le communiste revient sur la campagne des législatives et reconnaît un "manque de lisibilité" quant au positionnement du mouvement. Pour l'avenir, il estime également que le Front de gauche doit montrer "plusieurs visages et plusieurs voix".

Vous avez pris la tête du groupe GDR et succédez ainsi à Roland Muzeau, qui n'a pas été réélu. Comment envisagez-vous ce rôle ?
Je vais essayer d'être un président qui, d'une part, soit l'animateur d'une équipe dans le respect des différentes sensibilités. Et en même temps, en étant un parlementaire qui travaille sur les textes, qui s'implique et qui essaie vraiment d'être exemplaire dans l'exercice de cette fonction de député. Cela exige aussi davantage de modération qu'en tant que simple député. Je porte une responsabilité collective.

Vous auriez aimé que votre groupe obtienne une présidence de commission et une vice-présidence. Vous vous êtes dit "choqué" de la répartition des postes à l'Assemblée. Pourquoi ?
Les dix députés du Front de Gauche qui le composent (avec cinq députés ultramarins, Ndlr) représentent les quatre millions d‘électeurs qui ont apporté leur voix à Jean Luc Mélenchon à la présidentielle et qui, au second tour, ont contribué à élire François Hollande. Aux législatives, ces députés ont permis l’élection de centaines de députés socialistes. Balayer notre poids dans la société en ne nous donnant aucune présidence et vice-présidence, c’est choquant. Une tentation hégémonique se met en place.

Ne payez-vous pas le fait de ne pas avoir passé d'accord avec le PS, contrairement aux écologistes ?
Nous payons les conséquences du mode de scrutin et du calendrier électoral. Mais dans une élection, il faut présenter son programme. Nous n’avions pas à être englobés sous un ensemble de gauche, qui nous aurait obligés à mettre sous l’éteignoir des propositions qui, pour nous, sont fondamentales.

Vous estimez aussi que cela augure "des choix politiques qui se préparent". C'est-à-dire ?
Le fait de ne pas nous accorder notre dû à l’Assemblée est une façon de vouloir amoindrir les propositions que l’on porte. A savoir trois principaux axes. D'abord, l’augmentation du pouvoir d’achat et des bas salaires. Un coup de pouce au Smic de 2% n’est absolument pas à la hauteur de ce que devrait faire un gouvernement de gauche, ni des attentes de la population. Deuxième point : le partage des richesses. Il faut remettre à plat la fiscalité et que les plus hauts revenus et ceux du capital paient davantage. Enfin, il faut s’opposer au choix de l’austérité et en finir avec cette révision générale des politiques publiques prolongée.

Ce sont les principaux points de désaccords avec le Parti socialiste ?
Je n'appellerais pas ça des points de désaccords. Je ne suis pas dans le négatif, mais dans la construction du changement. Pour qu'il se concrétise, il faut passer par de telles mesures. Nous sommes dans une forme de conquête de la réussite. Quand un texte législatif sera présenté, nous chercherons toujours l’amélioration. Nous essaierons de faire bouger les lignes.

Il y aura forcément du clivage, de l'opposition, par rapport à la majorité présidentielle, non ?
Nous ne serons pas dans une forme de crispation ou d’opposition mécanique à ce que le gouvernement fera. Mais nous allons tranquillement faire monter des propositions qui nous semblent indispensables pour la réussite de la gauche.

Ni dans la majorité, ni dans l'opposition. N'y a-t-il pas un risque de manque de lisibilité pour les Français ?
Nous avons en effet fait le constat, pendant les législatives, que nous avions manqué de lisibilité sur notre positionnement. Notre relatif échec, et notamment la perte de députés, est due en grande partie au fait que nous ne sommes pas parvenus à montrer quel serait notre comportement par rapport à la majorité présidentielle. Sans ambiguïté, je considère faire partie d'une majorité de gauche, avec une forme d'autonomie du discours et du vote, mais avec l'obsession de construire et de réussir. Je ne me considère pas comme un opposant de gauche.

Jean-Luc Mélenchon a dénoncé une "carence de direction politique" lors des législatives. Partagez-vous cette analyse ?
Si nous n'avons pas réussi à être plus lisibles, nous devons nous poser la question collectivement. C'est vrai que dans une élection législative, nous sommes chacun sur notre territoire. En envisageant une campagne nationale dans le prolongement de celle de la présidentielle et en prolongeant la dynamique, nous aurions peut-être eu une réussite plus forte. Je dis bien peut-être. Mais c'est facile de faire cette analyse après coup.

En allant à Hénin-Beaumont face à Marine Le Pen, Jean-Luc Mélenchon a-t-il fait le bon choix ?
Ce n'était pas un positionnement individuel, mais un choix collectif décidé avec l'idée de prolonger ce combat emblématique. Après, il y a eu un effet pervers : cela a concentré la campagne médiatique du Front de gauche autour de cela. Mais ceci étant dit, je ne mets pas en cause le choix de Jean-Luc Mélenchon, car il n'était pas solitaire dans cette affaire. De plus, au moment où cela s'est décidé, on ne peut pas dire que beaucoup de voix se sont élevées pour dire que c'était une erreur. Est-ce qu'on peut dire qu'il y a eu un effet négatif dans d'autres circonscriptions? En tout cas, je ne l'ai pas constaté chez moi.

Le Front national a fait son retour dans l'hémicycle. Qu'en pensez-vous ?
Quand on voit ce mur de journalistes et de caméras pour deux personnes d'extrême-droite qui viennent d'être élues, on se dit que l'image que l'on donne de Marion Le Pen et Gilbert Collard est fabriquée de toute pièce par une volonté délibérée au niveau médiatique... Je ne mets pas en cause le fait qu'ils soient élus par des électeurs, cela ne me dérange pas. La mise en place du scrutin proportionnel (défendu par le FDG, Ndlr) conduirait un nombre important d'élus FN à l'Assemblée. Il faut combattre les idées du FN : sur le terrain et à l'Assemblée aussi, en mettant au pied du mur des propositions qui souvent s'appuient sur une espèce de sable mouvant et qui sont incapables d'apporter des réponses aux problèmes qui se posent au pays

Mardi prochain, Jean-Marc Ayrault prononcera son discours de politique générale. A quoi allez-vous être attentif ?
Est-ce que ce sera un discours de courage et une forme de parti pris contre les forces de l'argent ou bien un discours d'accompagnement, d'abandon en quelque sorte? J'attends bien sûr qu'il fasse le premier choix. Aujourd'hui, les premiers signes nous font craindre qu'il ne soit pas dans la posture que nous pouvons attendre.

Vous pencheriez donc davantage pour l'abstention lors du vote de confiance ?
Dans l'état actuel des actions, nous ne pouvons pas dire que cela aille dans la bonne direction. Si on est uniquement dans le moule des dépenses, si on ne pose pas la question des recettes pour mener une politique différente, on a forcément les mains liées. Est-ce que François Hollande va faire péter ces chaînes qui encadrent toute la politique ou, au contraire, va-t-il se soumettre ?

Ces derniers jours, des tensions sont apparues dans votre camp. Jean-Luc Mélenchon a critiqué le positionnement des communistes. Pierre Laurent l'a appelé à "se garder de réactions caricaturales, voire insultantes". Etes-vous confiant dans l'avenir du Front de gauche ?
Son avenir ne s’arrête pas à des propos tenus par les uns et les autres. Je le dis souvent : il faut protéger le Front de gauche comme la prunelle de nos yeux. Ce mouvement répond à une attente réelle. Le Front de gauche ne doit pas être une nouvelle organisation politique en tant que telle. Je ne suis pas pour la transformation en parti. Il doit pouvoir être rejoint par des gens qui n'ont pas envie d'adhérer à un parti, des syndicalistes ou des associatifs par exemple. C’est une nouvelle façon de faire de la politique. Cette dernière n’est pas réservée aux "sachants" - élus ou responsables de parti - mais peut concerner le plus grand nombre.

Aujourd'hui, Jean-Luc Mélenchon est le visage du Front de gauche. Est-ce que la question de leadership va se poser ?
Par le fait qu’il ait été candidat à la présidentielle, il est naturel qu’il apparaisse comme l’image du Front de Gauche. Le contraire serait étonnant. Mais la vocation de ce mouvement n'est pas dans la personnalisation, mais dans l’expression d’un collectif. Il va falloir qu'on travaille là-dessus et qu'on apprenne à montrer que le Front de gauche regroupe plusieurs visages et plusieurs voix.

 

Vidéo : Chassaigne vu par André



Chassaigne vu par André par lejdd


Anne-Charlotte Dusseaulx et Gaspard Dhellemmes

Légende photo : André Chassaigne a reçu leJDD.fr jeudi. (Capture d'écran/JDD.fr)


Source : Le JDD
Vendredi 29 juin 2012

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